Exils et migrations algériennes en Palestine, XIXe-XXe siècles, 8-9 novembre 2024, Jordanie
8-9 novembre 2024
à l’Ifpo | Jabal Amman, 3, rue Ibrahim A. Zahri, Amman, Jordanie
Depuis le début de la période coloniale française en Algérie, des populations musulmanes et juives émigrent de façon plus massive vers l’Empire ottoman. Une partie de ces migrants forment de larges communautés villageoises dans le nord de la Palestine et élisent domicile dans les villes de Jérusalem, Jaffa, Tibériade et Safed…. Leur présence s’articule à une histoire migratoire sur le temps long, celle de la présence de Maghrébins en Palestine, plus particulièrement à Jérusalem . Cette migration est encouragée et encadrée par les autorités ottomanes au XIXe siècle, prônant l’accroissement de la population des provinces impériales et la promotion d’une agriculture commerciale. Majoritairement installées en milieu rural, ces familles algériennes vivent principalement d’agriculture et d’élevage sur des terres souvent concédées par les autorités ottomanes. Après la Première Guerre mondiale, ces anciens sujets du sultan veulent gagner le statut de citoyen ou de résident de la Palestine désormais passée sous mandat britannique, et ce jusqu’à l’événement de la Nakba. De fait, après 1948, une grande partie d’entre eux emprunte le chemin de l’exil dans les pays voisins. Dans ce contexte post-1948, leur statut interroge les autorités politiques: doivent-ils être comptés comme réfugiés palestiniens, réclament-ils protection de la France?
Parmi les travaux disponibles sur l’histoire des migrations algériennes au Moyen-Orient et plus précisément en Algérie, l’ouvrage de Pierre Bardin, paru en 1979, étudie le statut juridique de ces Algériens à travers les Archives diplomatiques, conservées, aujourd’hui, à Nantes et à la Courneuve. Les études de Ammar Hilal, Nadia Tarchoune et Kamel Kateb scrutent les mouvements de départs des Algériens musulmans vers les pays étrangers durant la période coloniale française en s’appuyant essentiellement sur des Archives nationales d’Outre-mer d’Aix-en-Provence. L’historien Mustafa Abbasi étudie l’implantation de ces immigrés dans le sous-gouvernorat d’Acre sous l’angle du peuplement de la Palestine. Il s’appuie essentiellement sur des archives en hébreu et des récits de voyageurs européens et apporte des éléments inédits sur les transactions foncières et les représentations des voyageurs européens de ces communautés immigrées. Plus récemment, les travaux de Salma Hargal, qui s’appuient aussi bien sur des sources en turc ottoman, en français et en arabe, retracent le parcours de ces communautés pendant la période ottomane à travers une approche d’histoire connectée et par le bas. Elle s’intéresse plus particulièrement aux conditions d’installation, aux réseaux d’entraide, aux renégociations de leurs conditions d’insertion dans l’espace ottoman et leur statut juridique, en tant que sujets coloniaux français. Par ailleurs, le quartier des Maghrébins au XIXe et XXe siècle a fait l’objet de travaux importants que l’on doit à Musa Sroor, Nazmi al-Jubeh, Şerife Memiş et Vincent Lemire. En s’appuyant sur des sources diplomatiques françaises et palestiniennes, Musa Sroor scrute notamment l’enjeu de sa sauvegarde pour le quai d’Orsay, au lendemain de 1948. Dans l’état actuel des recherches, peu de travaux tiennent compte des sources locales palestiniennes, tandis que le sort de ces communautés au lendemain de la chute de l’Empire ottoman est relativement peu connu.
Ces journées d’études, avec la Palestine comme observatoire et la migration algérienne comme cas d’étude, souhaitent encourager l’écriture d’une histoire connectée, sur le temps long, des dynamiques migratoires entre le Nord de l’Afrique et le Moyen-Orient. L’objectif est d’étudier l’articulation entre histoire coloniale et phénomène migratoire mais également les dynamiques et stratégie d’installation de ces migrants en contexte de crises politiques et économiques répétées. L’objectif est d’appréhender ce phénomène migratoire en restituant cette histoire migratoire dans sa multidimensionnalité: entre l’Algérie et la Palestine et les réseaux structurants les liens entre ces territoires.