Les diasporas du Maghreb et du Moyen-Orient et les arts du spectacle en Europe (deadline : 15 fevrier 2024)
Les diasporas du Maghreb et du Moyen-Orient et les arts du spectacle en Europe
du 8 au 10 avril 2024, Université Bordeaux-Montaigne
Ce colloque international « La diaspora maghrébine et moyen-orientale et les arts du spectacle en Europe » aura lieu dans le cadre de la quatrième édition manifestation Scènes arabes : rencontres universitaires autour des arts du spectacle dans le monde arabe.
Durant la dernière décennie s’est produite une arrivée massive de populations moyen-orientales ayant fui les guerres civiles qui ont succédé aux « printemps arabes » dans leur pays. Plusieurs études ont été consacrées à l’apport artistique, surtout dans le domaine des arts du spectacle, de ces nouveaux arrivants mais l’histoire globale du théâtre diasporique animé par des artistes maghrébins ou moyen-orientaux reste largement méconnue. Cette histoire a pourtant débuté il y a plus de deux siècles quand la France a accueilli les premiers immigrés maghrébins issus de ses colonies. Ceux-ci, aux côtés des immigrés espagnols, italiens, portugais et africains initièrent, dans le cadre du mouvement prolétaire, les premières tentatives d’expressions dramatiques que certains chercheurs ont qualifié de « théâtre de l’immigration ». Ce fut en effet un théâtre au travers duquel ces prolétaires expatriés essayaient de prendre la parole pour réclamer le droit à la dignité et à de meilleures conditions de vie. Ce phénomène artistique, qui a vu le jour au sein d‘organisations syndicales et grâce à l’appui d’organismes impliqués dans la défense de la cause des immigrés, s’essouffla petit à petit à partir de la fin des années 1970. Ce théâtre militant a trouvé un prolongement dans les tentatives de la génération suivante, composée par les enfants des premiers immigrés qu’on qualifia de génération beure, mais l’aventure n’a malheureusement pas duré longtemps. D’autres pays européens comme l’Allemagne ont connu le même phénomène et les mêmes tentatives émanant de différentes communautés immigrées qu’elles soient turque ou moyen-orientale. Malgré l’accès à l’indépendance des pays anciennement colonisés, on constate que le flux migratoire ne s’est pas interrompu pour autant. Les guerres et les conflits armés, ainsi que la répression envers les opposants qu’ont connus certains pays comme d’Irak, l’Afghanistan ou l’Algérie des années 1990 ont poussé leurs ressortissants, dont beaucoup d’hommes et de femmes de théâtre, à quitter la terre natale pour s’établir dans des pays européens. Sliman ben Aïssa, Fellag, Mohamed Kacimi font partie de ces dramaturges qui se sont vus obligés de continuer leurs activités artistiques dans leurs pays d’accueil.
Les années 1990 ont vu surgir dans les sociétés européennes, surtout en France, un phénomène artistique inédit, importé des USA, qui a eu beaucoup de succès, surtout parmi les enfants d’immigrés : celui de la danse hip-hop. Aujourd’hui Mourad Merzouki (qui a été directeur du Centre chorégraphique national de Créteil et du Val-de-Marne de 2008 à 2022), Kader Attou, qui a été directeur du Centre chorégraphique national de La Rochelle de 2008 à 2022 ou Fouad Boussouf, nommé en 2022 directeur du Centre chorégraphique national du Havre-Normandie, proposent une nouvelle forme de spectacles hybrides, métissés et créolisés qui rencontrent un grand succès non seulement en France mais à l’échelle internationale.
La danse contemporaine est l’autre domaine artistique qui a vu éclore certains artistes issus de la diaspora arabe : Sidi Larbi Cherkaoui, Héla Fattoumi ou Radhouane el Meddeb ou Nasser Martin-Gousset, Akram Khan, Hofesh Shechter font partie des représentants les plus éminents de cette discipline.
L’autre domaine dans lequel les membres de la diaspora arabe, surtout ceux et celles de la troisième et quatrième génération, s’illustrent aujourd’hui, surtout en France et en Belgique, est le stand-up et le one man show. Ces spectacles humoristiques d’un genre nouveau ont fait leur apparition au sein des médias, et plus précisément des chaînes de télévision privée. Cette médiatisation a contribué à l’émergence d’une génération d’humoristes d’origine maghrébine qui, petit à petit, ont réussi à s’imposer sur les scènes comiques européennes, surtout francophones.
Ces dernières années ont vu nombre de Syriens fuyant la guerre pour se réfugier en Europe et, en parallèle, la mise en place de nouvelles politiques publiques en faveur de tels exilés, surtout au niveau de l’Union européenne et de l’Allemagne en particulier. Un réseau européen réunissant plusieurs établissements et structures engagés dans la lutte pour une meilleure représentation des minorités dans le champ artistique européen et pour un rapprochement entre les artistes européens et leurs homologues arabes a commencé à ouvrir des espaces de création aux artistes arabes ou issus de la diaspora arabe. C’est d’abord un réseau « non officiel », dont les membres se trouvent aussi bien en Suède (le Arabiska Teatern de Stockholm), en Belgique, (le Bozar-Palais des Beaux-Arts ou le Goethe-Institut à Bruxelles), en France (Les Bancs Publics, La Friche, la Belle de Mai à Marseille, L’institut du Monde arabe à Paris), en Angleterre (le Shubbak à Londres), en Hollande (le Dancing on the Edge à Amsterdam), qu’en Allemagne (Le Gorki, le Theater an der Ruhr ou le théâtre Ballhaus Naunynstraße, le Theater an der Ruhr de Mülheim), ou en Italie (le Napoli Teatro Festival). Mais dans le cadre de programmes financés par l’Union européenne, il permet de consacrer aux arts performatifs arabes, produits aussi bien en dehors des frontières nationales qu’en Europe, plusieurs résidences, productions en leur offrant des espaces de diffusion, de création et de collaboration.
Nous proposons de mettre la focale sur ces différentes manifestations spectaculaires animées par des artistes d’origine maghrébine et moyen-orientale afin de dégager leurs spécificités, de discuter leur impact sur les sociétés d’accueil ainsi que la réception de leurs œuvres par les audiences aussi bien occidentales qu’arabes. En plus des chercheurs, des artistes représentant ces différentes catégories prendront part aux débats et témoigneront de leurs expériences. Une attention particulière sera portée aussi aux rapports que maintiennent les populations immigrées ou issues de l’immigration avec ces artistes.
Cette édition réunira des chercheurs, des artistes issus aussi bien des pays du Maghreb et du Moyen Orient que de l’Europe et d’Amérique. Elle inclura un colloque international, un spectacle, des rencontres avec des artistes ainsi que des tables rondes. Nous privilégierons la transdisciplinarité et la diversité des approches : sociologique, historique, scénique, comparatiste. Notre cadre théorique général est celui de la recherche création puisque nous croiserons les regards et les approches artistiques pratiques et les analyses théoriques et académiques.
Modalités
Les propositions de communication (titre, résumé en français 2000 signes), ainsi qu’une brève notice biobibliographique (nom, prénom, affiliation, courriel, intérêts de recherche, titres de publications) seront à envoyer par mail en format doc ou pdf jusqu’au 15 novembre 2024 à l’adresse suivante : omar.fertat@u-bordeaux-montaigne.fr
Après sélection du comité scientifique les candidats recevront une notification avant le 10 mars 2024.
Les interventions qui seront sélectionnées par le comité scientifique seront publiées dans le numéro 19 de la revue Horizons/théâtre à paraître en 2025 aux Presses universitaires de Bordeaux.
Comité scientifique
Omar Fertat (Bordeaux Montaigne)
Pierre Katuszewski (Bordeaux Montaigne)
Laurence Denooz (Université de Lorraine)
Monica Ruocco (Università degli Studi di Napoli, Italie)
Abdelmajid Azouine (Université Mohamed V, Rabat, Maroc)
Zohra Makkach (Université Ibn Zohr, Agadir, Maroc)
Selom Komlan Gbanou (Université Calgary, Canada)
Pauline Donizeau (Université Lumière, Lyon 2),
Ons Trabelsi (Université de Lorraine)
Nikolaus Müller-Schöll (Goethe-Universität Frankfurt)
Daniela Potenza (Università degli studi di Messin)
Simon Dubois (Institut Français du Proche-Orient)
Yassaman Khajehi (Université de Clermont Auvergne)
Najla Nakhlé-Cerruti (CNRS, IREMAM)
Mouhamad Sef (Critique et dramaturge)
Ariane Le Moing (Université de Poitires)
Responsable :
Omar Fertat