Étudier le théâtre palestinien en Palestine et en dehors de la Palestine : convergences des résultats et décloisonnement disciplinaire (23/10/2019)
Séminaire « Faire de la recherche en et sur la Palestine », séance 5
Présentation
Le théâtre est une pratique artistique qui peut être étudiée suivant des approches multiples et complémentaires : par le texte et/ou la scène, par le contexte et le processus de production des spectacles (de la création à la réception). Cet objet peut être envisagé selon des méthodes issues de différentes disciplines. C’est le cas ici du théâtre palestinien dont les productions circulent jusqu’en France.
Pratique de texte et de représentation, le théâtre se construit sur la rencontre entre des espaces de nature différente : espace textuel, espace scénique et espace réel. Ainsi, la scène se présente comme un lieu où la confrontation entre mythe et réalité est possible. En raison des contraintes imposées à la mobilité des Palestiniens, la pratique du théâtre, collective, se trouve confrontée à la difficile réunion des conditions matérielles qui lui sont nécessaires. Dans ce contexte, des procédés littéraires, esthétiques et performatifs spécifiques sont mis en œuvre. En effet, depuis la fin des années 2000, on assiste à l’émergence de nouvelles modalités de représentation de la Palestine. En laissant la place à l’expérience vécue, la Palestine se raconte sur scène à l’échelle de l’individu et sur le mode personnel. La création prend une dimension universelle.
Jouée en dehors de la Palestine et particulièrement en France, les productions théâtrales palestiniennes placent au premier plan des questions d’ordre géopolitique en confrontant la représentation artistique aux imageries médiatiques et discours politiques. Etudier la diffusion du théâtre palestinien en France constitue une occasion de questionner les liens entre théâtre et politique, et de reconfigurer les savoirs établis par les institutions théâtrale et universitaire, ainsi que les conceptions ordinaires relayées par la critique dramatique. Une telle approche remet en question l’autonomie du savoir scientifique, mais également celle de l’art très fortement ancrée et entretenue par l’institution universitaire.
Pensée à deux voix et en miroir depuis deux terrains différents, des approches et des méthodes différentes mais autour d’un objet commun, cette communication cherche à montrer les convergences et l’intérêt d’un décloisonnement à la fois disciplinaire et aréal.
Intervenantes
Najla Nakhlé-Cerruti est agrégée d’arabe et l’auteure d’une thèse (Inalco, 2017) sur le théâtre palestinien de la décennie 2006-2016. Elle est actuellement chercheure à l’Institut Français du Proche-Orient (Ifpo). Ses travaux portent sur le théâtre palestinien contemporain et particulièrement sur l’espace –textuel et scénique- et ses représentations. À l’Ifpo, elle mène un programme de recherche autour des archives de Francois Abou Salem, fondateur du Théâtre National Palestinien/El-Hakawati.
Emmanuelle Thiébot est doctorante en études théâtrales et ATER à l’Université de Caen, et bénéficiaire d’une bourse d’aide à la mobilité internationale de courte durée de l’Institut Français du Proche-Orient (octobre 2019). Ses recherches portent sur les représentations théâtrales du conflit israélo-palestinien en France, leurs contextes de production et réseaux de diffusion. Une partie de ce travail s’intéresse aux transferts culturels d’œuvres israéliennes et palestiniennes. La thèse articule historiographie du théâtre, histoire des représentations théâtrales et étude du champ de production culturelle. La question de la circulation des œuvres et la notion d’hégémonie culturelle est au cœur de ses recherches.
Date et horaire
23 octobre 2019 de 17h à 19h
Lieu
Institut franco-allemand, Salam street 12, Ramallah
Contact et informations
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